Nous sommes en fin d’année 2023, et un phénomène étonnant est en train de prendre place dans le paysage de l’emploi en France. Les banques et les cabinets de conseil semblent avoir trouvé une nouvelle mine d’or en matière de recrutement : les alternants issus des quartiers prioritaires de la ville (QPV). Oui, vous avez bien entendu. Le nombre d’alternants recrutés dans ces quartiers a connu une augmentation spectaculaire de 30 % entre 2021 et 2022. Et ce n’est pas tout, ces alternants représentent désormais 20,6 % du total de ce type d’effectifs. Alors, que se passe-t-il ? Pourquoi cette soudaine montée en puissance ? C’est ce que nous allons vous expliquer.
L’apprentissage est une méthode de formation qui a toujours été considérée comme efficace pour assurer une insertion professionnelle réussie pour les jeunes. Et ce n’est pas l’augmentation du nombre de contrats d’apprentissage qui va contredire cette idée. En effet, en 2022, près de 110 000 alternants ont été recrutés dans les secteurs des services financiers et du conseil. Parmi eux, 96 000 ont décroché un contrat d’apprentissage et 12 000 un contrat de professionnalisation, soit 15 000 alternants de plus que l’année précédente.
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Cette tendance semble s’accentuer chez les jeunes issus des QPV, qui sont particulièrement présents dans les formations Bac + 5 et plus (51 %). L’Opco Atlas, qui a mené cette étude, note également que ces alternants sont présents dans l’ensemble des entreprises, et plus particulièrement dans celles de plus de 300 salariés (21,3 %).
Le recrutement des alternants issus des QPV ne se fait pas de manière uniforme sur tout le territoire. Trois régions se démarquent avec des taux particulièrement supérieurs à 20 % : l’Île-de-France (27,4 %), la Provence-Alpes-Côte d’Azur (27,1 %) et les Hauts-de-France (24,4 %). Les régions où le recours aux alternants résidant dans les QPV est le plus faible sont les Pays de la Loire (8,9 %) et la Bretagne (8,8 %).
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Il est intéressant de comprendre pourquoi les entreprises des services financiers et du conseil se tournent vers les alternants issus des QPV. Selon Philippe Degonzague, le président de l’Opco Atlas, cette tendance s’explique par une double motivation : répondre à des besoins en compétences et mettre en place une politique RH destinée aux jeunes. Les entreprises cherchent à fidéliser les talents et offrir des opportunités d’évolution de carrière dans des secteurs dynamiques. Et cela semble fonctionner puisque 86 % des anciens alternants sont en emploi six mois après la fin de leur formation.
Ce phénomène peut également être vu comme une évolution positive de la perception de l’origine sociale dans le monde du travail. Les alternants issus des QPV, souvent défavorisés à cause de leur origine socioéconomique, sont de plus en plus reconnus pour leurs compétences et leur potentiel. La prise de conscience des difficultés de recrutement et du manque de diversité dans certains secteurs est en train de changer la donne.
En conclusion, il semble que les alternants issus des QPV sont devenus une véritable mine d’or pour les banques et les cabinets de conseil. Ces derniers ont su identifier les compétences et le potentiel de ces jeunes, souvent laissés pour compte. L’augmentation spectaculaire du nombre de contrats d’apprentissage démontre que l’insertion professionnelle des jeunes issus des QPV n’est pas seulement un projet de loi ou une promesse de campagne, mais une réalité en pleine expansion. L’avenir de l’apprentissage en France est peut-être en train de se dessiner dans les quartiers prioritaires de la ville.